Ready Player One

Extension du domaine de la vie : Comment sortir du Metaverse ?

Elon Musk à bord de SpaceX, étend la réalité humaine vers l’espace. Mark Zuckerberg lui a choisi l’exploration dans le virtuel avec Horizon World son #metaverse déjà cible de critiques bonnes comme mauvaises. Qu’elles soient verticales ou horizontales ces extensions du domaine de la vie interrogent sur leur finalité. Ces futurs empires extra-terrestres seront-ils une réponse à la fin du monde matériel dans lequel nous avons développé un mode de vie inconséquent ? Laissons de côté les étoiles pour lesquelles on a envie de penser que l’objectif humanitaire permettra de faire avancer la science tant l’hypothèse du simple tour de manège pour millionnaire paraît être un amusement extravagant et dérisoire. Intéressons-nous plutôt au Metaverse. Si LE Metaverse n’existe pas, il y aura assurément autant de metaverses que possible. Ils se différencieront sur des caractéristiques technologiques, graphiques ou d’accessibilité mais c’est surtout la finalité et l’usage de ces nouveaux environnements qui seront cruciaux voire d’ordre sociétal. 

Zuckerberg repenti ?

L’esprit originel de la blockchain emporte une volonté libertaire de rendre aux utilisateurs la propriété de leurs données, de leur création, et de déployer des moyens de développement de leurs connaissances et de leurs finances. Le web 3 ambitionne effectivement de remettre le créateur au centre de son œuvre et à la source de sa diffusion…On peine cependant à imaginer Zuckerberg, fort de son investissement (déficit) de 3 Milliards $, dans cette posture de repentance numérique sincère, épousant une finalité universelle nouvelle, décentralisée, qui décuplerait les possibilités de développement humain en terme d’éducation, d’accès aux services bancaires et à l’épargne, de transparence et d’information etc…  Dès lors, un danger existe de voir ce nouvel outil technologique utilisé pour nous percer encore davantage à jour dans la captation de nos données et de nos biens. Nous serons alors servi comme sur un plateau moyennant une mièvre contrepartie en “like” et dans une moindre mesure en dollars sur la propriété de ce que nous créerons. Meta annonce par exemple d’ores et déjà qu’il touchera jusqu’à 47,5 % de la vente des actifs numériques sur sa plateforme Horizon Worlds.

La crainte actuelle et partagée est donc de voir émerger un Metaverse pervers car pour être massivement adopté il devra certainement actionner de nouveaux mécanismes reposant sur l’addiction pour nous y voir dépenser nos heures et nos dollars. Souvenons-nous que l’internet a produit le meilleur comme le pire. Des millions de personnes, addicts à des plateformes au contenus médiocres, voient leur volonté et leur capacité d’attention se détériorer à mesure que leur propension à la procrastination les écrase. On s’alarme du danger des plateformes sur la cognition et l’attention. Si le Metaverse n’est que la version 3D de cette stratégie de colonisation de nos cerveaux nous devons effectivement fomenter un plan de sortie. 

Comment sortir du Meta(verse) ?

Face à cela, sans toutefois verser dans l’utopisme on peut s’autoriser à imaginer que ces nouvelles frontières numériques peuvent être porteuses de projets positifs dans des domaines utiles au développement humain. Quelques exemples propres à nous réconcilier avec l’avènement de ces mondes virtuels : 

  • Eduquer / former : L’apprentissage pourra s’opérer sur la dynamique du jeu, de la simulation ou de la transmission pair à pair. Beaucoup de filières de formation pourraient bénéficier de ces environnements d’apprentissage stimulants. Autre exemple, aucune offre de formation n’est en mesure actuellement de répondre aux besoins incommensurables du marché africain qui va conduire plus de 450 millions de jeunes à se former d’ici à 2050 ! Ce défi pourrait trouver un terrain de résolution avec les métaverses ouvrant des possibilités étendues aux acteurs de ce secteur. Ce n’est pas un hasard si la plupart des grandes universités de ce monde développent actuellement des offres en ligne en direction des pays africains, mais sous des formes classiques.
  • Préserver l’environnement : Le métaverse contribuera à l’environnement pour servir par exemple la smart city en permettant d’appréhender la complexité  des villes via des simulations quasi réelles. Certains sites touristiques sont victimes de “surtourisme” (cf rapports Organisation Mondiale du Tourisme) périodiquement au détriment de la faune, la flore et même des habitants. Une expérience de tourisme virtuel immersif de haute qualité pourrait offrir une nouvelle expérience d’exploration intelligente tout en préservant ces environnements de la déferlante humaine saisonnière qui dérégule. Ces modèles devrons bénéficier en priorité aux locaux pour préserver aussi l’économie. 
  • Inclure : On regroupe un panel de situations très différentes lorsqu’on parle d’inclusion. Si nous apparaissons demain sous la forme d’un avatar il sera certainement plus facile de s’autoriser à effacer ou accentuer toute distinction. Second Life permet aujourd’hui à de nombreuses catégories de personnes de vivre leur différence librement dans des endroits du monde où cette liberté n’est pas garantie. En ce qui concerne le handicap, les métaverses pourraient donner accès à des expériences virtuelles de même niveau à tous les participants quelle que soit leur situation. 

le Metaverse est un outil :

La dystopie Ready Player One semble plus proche que jamais (même si nous en sommes en réalité encore assez loin) mais il n’y a pas de fatalité : des scénarios utiles et favorables sont possibles. Le Metaverse est un outil, les outils ne se qualifient que par leur destination et leur usage. Un marteau peut enfoncer un clou pour poser une étagère comme il peut servir d’arme. Il nous appartient de faire émerger des usages satisfaisants et utiles car nous sommes aussi les bâtisseurs du réel par nos pratiques et choix.

Cet article est initialement paru le 20 septembre 2022 sur Linekdin. Il est reproduit ici avec l’aimable autorisation de son auteure Samira KARRACH

Author: Justin

20 ans d'expérience dans l'entreprenariat, l'innovation technologique la rédaction et la mise en forme de contenu à valeur ajoutée (articles, rapports, dossiers, infographies). Je suis spécialiste du minage de données sur internet depuis 1996. Sujets de prédilections: Web1, 2 et 3, Intelligence artificielle, robotique, interfaces hommes/machines, bio-hacking, S.F., astrophysique, informatique quantique, Steampunk.

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